Page:Gautier - L’Orient, tome 2, Charpentier-Fasquelle, 1893.djvu/181

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
171
ÉGYPTE.

des milans, des gypaëtes traçant d’immenses cercles ; des buffles se vautraient dans la vase des fossés, et des troupeaux de moutons noirs, à oreilles pendantes, presque semblables à des chèvres, se hâtaient sous le bâton de leurs bergers. Ces jeunes pâtres, avec leurs courtes tuniques blanches ou d’un bleu passé au soleil, leurs jambes nues, leurs pieds chaussés de poussière grise, leurs calottes de feutre, leur pédum recourbé, nous faisaient penser, par l’antique simplicité du costume, aux scènes patriarcales de la Bible.

Les tasses de café et de thé étaient digérées depuis longtemps, lorsque cette bonne nouvelle se répandit dans les wagons qu’à la station prochaine nous attendait le déjeuner préparé par l’hospitalité du vice-roi. En effet, le train s’arrêta, et tout le monde descendit, envahissant la salle du festin. Notre place marquée à côté de notre ami, qui avait la complaisance de nous couper les morceaux sur notre assiette, opération impossible avec une seule main, nous courûmes, en atten-