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ÉGYPTE.

par l’inondation ; des buffles bleuâtres se roulaient dans des mares et s’y cuirassaient de vase ; des oiseaux aquatiques se tenaient au bord des flaques d’eau, et parfois s’envolaient au passage du train, que des familles de fellahs, accroupies au rebord des fossés, regardaient passer. Sur le chemin défilait l’interminable procession de chameaux, de mulets, d’ânes, de bœufs, de chèvres noires et de piétons, qui donnent une si extraordinaire animation à ce placide paysage horizontal. Nous avions déjà remarqué en Hollande l’importance que prennent les figures dans les pays plats. L’absence de tout accident de terrain les fait dominer, et, comme elles se découpent habituellement sur le ciel, elles en prennent plus de grandeur. Il nous semblait voir marcher ces zones de bas-reliefs colorés, représentant des scènes d’agriculture, qui parfois décorent les chambres des tombeaux égyptiens. De loin en loin s’élevaient des villages ou des espèces de fermes dont les murailles de terre grise, inclinées en talus, rappelaient la forme du