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L’ORIENT.

Marie avait la meilleure part, il ne faut pas dédaigner Marthe qui s’occupe modestement de la cuisine. Cette justice rendue à la main gauche, dont on ne fait pas assez de cas, revenons à notre déjeuner qui était abondant et délicat, bien servi, et arrosé de tout ce qui peut se boire, depuis le bordeaux-laffitte jusqu’au pale-ale, depuis le soda-water jusqu’à l’eau du Nil filtrée et rafraîchie dans des gargoulettes de Thèbes, — la première eau du monde, à laquelle nous ne trouvons de comparable que l’eau du puits de los Algives de l’Alhambra.

Malgré cette excellence, nous devons avouer que la plupart des voyageurs parurent préférer le vin de Sauterne ou le saint-émilion, n’étant pas de l’avis de ces califes qui se faisaient apporter à grands frais de l’eau du Nil jusqu’à Bagdad, mettant ce cru au-dessus de tout autre. Le café pris, on se remit en route. L’aspect du pays était toujours le même. Les cultures de coton, de maïs et de dourah s’étendaient à perte de vue ; çà et là brillaient les parties recouvertes