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ÉGYPTE.

prodigieusement fabuleux, que derrière elles il semble qu’on voie luire les premiers jours du monde.

Tout en faisant ces réflexions, nous approchions rapidement du Caire, — de ce Caire dont nous avions si souvent parlé avec ce pauvre Gérard de Nerval, avec Gustave Flaubert, avec Maxime Du Camp, qui, par leurs récits, excitaient et enfiévraient notre curiosité. — On se fait, des villes que dès l’enfance on a souhaité voir et que l’on a longtemps habitées en rêve, un plan fantastique bien difficile à effacer, même quand on se trouve en face de la réalité ; la vue d’une gravure, d’un tableau en est souvent le point de départ. Nous, notre Caire, bâti avec les matériaux des Mille et une nuits, se groupait autour de la place de l’Esbekieh de Marilhat, un tableau singulier et violent que l’artiste avait envoyé d’Égypte à l’une des premières expositions qui suivirent la révolution de Juillet. Si notre mémoire ne nous fait pas défaut, c’était son début ; et, à quelque perfection qu’il soit arrivé ensuite, nous ne