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L’ORIENT.

et son fidèle vizir Giaffar, sous des déguisements d’esclave ou d’homme du peuple. Notre amour pour ce tableau était si connu, que la famille de Marilhat, dont nous avions été l’ami, nous donna après la mort du célèbre artiste le dessin au crayon, fait sur place, qui avait servi d’étude pour la toile peinte.

Nous étions arrivé : un tumulte prodigieux de calèches, d’ânes, d’âniers, de portefaix, de domestiques de place, de drogmans, faisait comme une émeute devant le débarcadère du railway, qui aboutit près de Boulak, à une petite distance du vieux Caire. Lorsque le débrouillement des bagages fut terminé, qu’on nous eut installé avec notre ami dans une belle voiture découverte précédée d’un « saïs », ce fut avec un secret ravissement que nous entendîmes la providence égyptienne qui veillait sur nous, en uniforme du nizam et en fez amarante, dire à notre cocher : « Hôtel Sheppeard, place de l’Esbekieh. » On nous logeait dans notre rêve !