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ÉGYPTE.

sur la tête, divers personnages accroupis, et un Arabe juché sur un chameau. Plus loin, vers la gauche, s’épaulaient les unes contre les autres, dans tout le laisser aller oriental, les maisons arabes qui bordent la place, avec leurs moucharabiehs, leurs étages en surplomb, leurs encorbellements soutenus de poutrelles, et tous les détails caractéristiques que n’avait pas encore émondés le progrès, ami des lignes droites et des surfaces planes. Un palmier levait au-dessus des maisons son plumeau de feuilles, et derrière les arbres, sous la voûte de leur feuillage, on entrevoyait une autre rangée de bâtiments formant le fond de la place et surmonté d’un minaret. À droite se dessinaient, servant de fond à la ligne des Okkels, les escarpements du Mokattam. Une lumière terrible, aveuglante, se déversait comme des cuillerées de plomb fondu sur tout le premier plan.

C’était de là que nos rêves partaient pour aller faire des tournées fantastiques dans les rues étroites de l’ancien Caire, autrefois fréquentées par le calife Haroun al Raschid