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L’ORIENT.

du Nil en faisaient un lac au temps des crues et qu’elle conservait encore son pur cachet arabe.

On en a fait un grand square à l’européenne, divisé par de larges voies en compartiments réguliers, bordées de légères palissades de roseaux ou de nervures de palmiers, qu’on espère vendre pour y bâtir des maisons à peu près comme dans le parc Monceaux, tout en réservant une partie du terrain pour la promenade ; mais il n’y a heureusement jusqu’à ce jour nulle apparence de bâtisse, et, sans vouloir de mal à cette spéculation, il serait à désirer pour l’agrément du Caire que les choses restassent dans le même état.

Des arbres énormes, — mimosas et sycomores, — parmi lesquels nous reconnûmes sans peine ceux qui avaient posé pour Marilhat, agrandis encore par le temps écoulé, garnissent le milieu de la place avec leurs dômes de feuillage, d’un vert si intense qu’il paraît presque noir. Sur la gauche s’élevait, comme dans le tableau, une rangée de maisons où l’on distinguait, parmi quelques bâtisses neu-