Page:Gautier - L’Orient, tome 2, Charpentier-Fasquelle, 1893.djvu/209

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
199
ÉGYPTE.

moyen de locomotion que leurs petits pieds, auxquels la poussière met des brodequins gris. Ces beautés, — on peut les supposer telles, puisqu’elles sont masquées plus hermétiquement que des femmes du monde au bal de l’Opéra, — portent par-dessus leurs vêtements un habbarah, espèce de sac en taffetas noir, sous lequel l’air s’engouffre, et qui se gonfle le plus disgracieusement du monde pour peu que le train de la monture s’accélère.

En Orient, un cavalier, qu’il soit à cheval ou sur un âne, suppose toujours deux ou trois piétons : l’un qui court devant, une baguette à la main pour écarter la foule, l’autre qui tient la bête par la bride, le troisième qui la tient par la queue ou tout au moins lui pose la main sur la croupe ; il y en a quelquefois un quatrième qui voltige sur le côté pour émoustiller l’animal avec une houssine. À chaque minute, la Patrouille turque de De Camps, ce tableau étrange qui fit tant d’effet à l’exposition de 1831, passait devant nous, emporté dans un tourbillon de poussière, et