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L’ORIENT.

nous faisait sourire ; mais personne ne paraissait sentir le comique de cette situation ; un gros homme vêtu de blanc, le ventre sanglé d’une large ceinture, juché sur un petit âne et suivi à pied de trois ou quatre pauvres diables, hâves et basanés, à mine famélique, qui, par excès de zèle et dans l’espoir d’un bacchich, semblaient porter la monture et le cavalier.

On nous pardonnera ces détails, un peu longs, sur les ânes et leurs conducteurs ; mais ils tiennent une si grande place dans la vie au Caire, qu’il faut bien leur donner l’importance qu’ils ont réellement.

Pendant que nous regardions défiler ce panorama, un jeune garçon de douze à quatorze ans s’approcha du perron de l’hôtel. Son costume consistait en une calotte de feutre et une espèce de tunique déguenillée à manches larges, qu’il repoussait vers son épaule avec un geste qui ne manquait pas de grâce. Il avait l’air intelligent et fin plus que son âge ne le comportait, et ses mouvements avaient cette aisance et cette précision des gens