Page:Gautier - L’Orient, tome 2, Charpentier-Fasquelle, 1893.djvu/218

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
208
L’ORIENT.

Dans tous les pays du monde, les exercices de bateleurs se terminent par la collecte, et le psylle fit le tour de l’assistance en criant : Bacchich ! bacchich ! Grâce à la présence des Européens, la recette fut abondante, et il remporta plus de pièces blanches qu’il n’empochait habituellement de sous.

L’approche du soir ramenait les voyageurs vers l’hôtel, et les calèches les déposaient devant le perron avec un joyeux tumulte. Les conversations s’établissaient, chacun racontait ce qu’il avait vu d’étrange et de pittoresque, lorsqu’un bruit singulier, inexplicable, toujours grossissant, se fit entendre et domina le bruit des entretiens ; cela ressemblait au glas d’une cloche, au roulement d’un tambour, au tintamarre de ferrailles sur un chariot. Le son s’enflait, diminuait, éclatait de nouveau avec un fracas horrible. On eût dit les abois d’une gueule de bronze, les hululations d’un chien infernal hurlant après le disque livide d’Hécate.

C’était tout simplement un gong chinois qu’un fellah, domestique de l’hôtel, frappait