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ÉGYPTE.

blanc, elles marchaient presque toujours deux à deux, épouses sans doute ou concubines du même maître. Parfois, comme lorsqu’on veut faire descendre le sang des mains, elles relevaient et secouaient leurs bras chargés de cercles d’or et d’argent. Ce mouvement repoussait les bords de la mante, dont l’écartement permettait de voir leurs pantalons de satin jaune, larges comme des jupes, et l’étroite brassière de velours soutaché rapprochant les globes de la gorge sous une transparente chemisette de gaze. La plupart de ces « dames » jouissaient de cet embonpoint si cher aux Orientaux, et ressemblaient à des pleines lunes. L’opulence de leurs charmes formait un piquant contraste avec la svelte maigreur des jeunes filles fellahs.

Les porteurs d’eau chargés au Caire de l’arrosement public se promenaient d’un pas lent et régulier, ayant sur les reins des outres en peau de bouc rappelant celles que pourfendit le bon chevalier de la Manche, mais qui, tailladées par son invincible estoc, n’eussent pas répandu de vin. Une des pattes de la