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ÉGYPTE.

apparaissaient, le courbach à la main, deux de ces saïs ou coureurs qui précèdent les voitures de maître pour leur ouvrir un passage dans la foule obstruant les rues étroites de la ville. On ne saurait rien imaginer de plus élégant et de plus gracieux que ces jeunes pages de quinze ou seize ans, choisis parmi les types caractéristiques des races d’hommes dont le Caire offre la réunion. Le costume des saïs est charmant : il se compose d’un gilet de velours richement brodé d’or ou de galons de soie dessinant des arabesques, d’une large ceinture bien serrée sur une taille de guêpe, de caleçons blancs comme ceux des zeibecks, d’une petite calotte posée sur le haut de la tête, et d’une chemise de gaze dont les longues manches, fendues jusqu’à l’épaule, flottent en arrière soutenues par le vent et semblent mettre des ailes d’ange au dos de ces rapides coureurs. Ils ont les jambes et les pieds nus, et portent quelquefois au-dessus de la cheville une mince ligature, sans doute pour éviter les crampes. Les Basques dératés, qui sautaient, en s’appuyant sur leur grande