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L’ORIENT.

avec un bruit strident sur les toits de nos maisons, apportant peut-être la mort ou des mutilations affreuses. Mais ce vacarme infernal, auquel depuis tant de semaines on s’était habitué, ne déplaisait pas : il disait que Paris résistait toujours, et, quoiqu’on sût le sacrifice inutile, on tenait, par un entêtement héroïque, à le pousser aussi loin que possible.

Tout à coup le ciel devint noir comme le dais d’un catafalque. Il se fit brusquement un silence profond, lugubre, mortuaire, absolu, qui glaça tous les cœurs. Rien de plus terrible que cette absence de tout bruit succédant à ce calme funéraire ; le fracas du tocsin, le pétillement de la fusillade, les cris du massacre eussent paru joyeux. On comprit que tout était irréparablement perdu. Si Paris avait été consulté, il serait mort de faim plutôt que de se rendre, et le dernier survivant, de sa main défaillante, aurait jeté la torche de Moscou aux édifices de la Ville Sainte, incendie glorieux cette fois.

Mais à quoi bon revenir sur ce qui a été