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L’ORIENT.

tique, la note dominante. Ils procèdent dans leurs phrases, comme dans leurs esquisses, par touches expressives et certaines, hardiment posées à leur place et gardant la localité du ton. On voit ce qu’ils décrivent comme ce qu’ils peignent.

Ces mots magiques : Fayoum, Sinaï, Pétra, agissaient déjà sur nous et emmenaient notre imagination bien loin de la réalité présente. Il nous semblait voir se faire des éclaircies de bleu dans le gris du ciel. Des palmiers aux tiges grêles épanouissaient leur araignée de feuillage sur la poussière dorée des horizons. Les coupoles blanches des marabouts s’arrondissaient comme des seins pleins de lait, et, dans l’azur, des minarets dardaient leurs flèches pointues. Un vague bruit de darabouk faisant la basse d’une flûte de derviche nous arrivait par bouffées à l’oreille à travers les rumeurs du vent et les bruissements familiers de la maison.