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LE FAYOUM, LE SINAÏ ET PÉTRA.

III

C’est un volume in-18 à couverture gris d’ardoise, signé d’un nom inconnu, du moins en littérature : Paul Lenoir, un élève de notre ami Gérôme. Cela s’appelait — Le Fayoum, le Sinaï et Pétra, — excursion dans la moyenne Égypte et l’Arabie Pétrée.

Nous aimons beaucoup les voyages de peintres, quand ils daignent quitter le crayon ou le pinceau pour la plume. L’habitude d’étudier la nature, de se rendre compte des formes et des couleurs, de mettre les objets à leur plan, leur donne une sûreté et une justesse de description qu’atteignent difficilement les littérateurs. Voir, il semble qu’il ne faille pour cela qu’ouvrir les yeux ; mais c’est une science qu’on n’acquiert que par un long travail. Bien des gens, de beaucoup d’esprit d’ailleurs, à qui rien n’échappe du monde de l’âme, traversent l’univers en véritables aveugles. Les peintres saisissent du premier coup d’œil le trait caractéris-