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L’ORIENT.

ches de granit et de porphyre aux formes monstrueuses et qui semblent avoir été pétries chaudes encore par les doigts d’un Titan, aux époques des remaniements cosmogoniques ; sous la direction de patrons du pays, les barques franchissent ces passages torrentueux, non sans érailler leur coque et se faire quelques avaries ; des carcasses de canges, coulées à fond, témoignent que l’opération n’est pas toujours heureuse, malgré l’habileté des pilotes.

Les rapides passés, M. Maxime Du Camp continue la remonte du fleuve jusqu’à la deuxième cataracte, tout joyeux d’avoir franchi le tropique du Cancer ; il visite Korosko, le temple d’Amada, le spéos de Derr, et arrive enfin à Ouadi-Halfa, le but et le terme de son voyage ; au delà est la Nubie supérieure, le vague, l’immense, l’inconnu, et c’est avec un soupir que l’auteur fait tourner la pointe de son embarcation vers le Caire. La descente se fait à la rame, et le voyageur explore successivement les spéos d’Ipsamboul, le temple de Seboua, de Maharakka, de