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L’ORIENT.

dont on ne fait pas un tableau ? Quel résultat le public, à qui, au bout du compte, sont destinés les livres, recueille-t-il de tant de travaux obscurs, de dissertations cryptiques, de fouilles ténébreuses dont les doctes auteurs semblent avoir masqué l’entrée comme les anciens Égyptiens, — la comparaison est de mise ici, — masquaient les portes de leurs tombeaux et de leurs syringes, afin que personne n’y pût pénétrer ? Que sert-il de sculpter dans l’ombre d’interminables panneaux d’hiéroglyphes, que nul œil ne verra, et dont on se réserve la clef ? M. Ernest Feydeau a eu cette audace de prétendre être artiste en même temps que savant ; car le pittoresque ne nuit en rien à l’exactitude, bien que les érudits affectent en général de croire le contraire.

Augustin Thierry n’a-t-il pas puisé ses Récits des temps mérovingiens si vivants, si animés, si dramatiques et pourtant si vrais, dans l’histoire embrouillée, terne et diffuse de Grégoire de Tours ? Le bouquin illisible de Sauval entre les mains de Victor Hugo