Page:Gautier - L’Orient, tome 2, Charpentier-Fasquelle, 1893.djvu/310

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
300
L’ORIENT.

idoles descendues de leur piédestal et couchées à terre. À mesure qu’ils avancent, l’effroi religieux augmente. Des parfums enivrants brûlent dans les cassolettes ; des formes innommées grimacent à travers les pénombres mystérieuses ; des lueurs bizarrement colorées traversent les ténèbres, et des tapis en peau de panthère jaillissent sous le pied des étincelles électriques. Mathô, effrayé de son sacrilège, voudrait retourner sur ses pas ; mais Spendius, qui n’a aucun préjugé en fait de religion et ne croit qu’à l’oracle, le pousse en avant, et bientôt, au fond du Saint des saints, ils découvrent le Zaïmph cachant à demi la statue de la déesse, le Zaïmph que nul ne peut voir sans mourir, tout constellé d’étoiles, tout chamarré de monstres sacrés et de bêtes emblématiques, « à la fois bleuâtre comme la nuit, jaune comme l’aurore, pourpre comme le soleil, nombreux, diaphane, étincelant, léger ! »

Spendius, car Mathô n’ose y toucher, détache le voile aussi familièrement qu’il eût enlevé jadis le manteau d’une courtisane