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L’ORIENT.

porte sans cesse de nouveaux holocaustes. Jamais la férocité des cultes africains n’a été peinte avec de plus fortes couleurs. On se demande avec effroi si vraiment de telles horreurs ont pu exister, mais on se répond que les autodafés à peine éteints valent bien les antiques sacrifices à Moloch le Dévorateur. La pluie qui tombe après cette effroyable immolation semble aux Carthaginois un signe que le courroux du dieu s’est apaisé. Quelque espoir leur revient. Narr’Havas, en longeant le rivage mal gardé par les barbares, est parvenu à se jeter dans Carthage avec des troupes et quarante éléphants chargés de vivres. Ainsi renforcé et ne craignant plus de laisser la place dégarnie, Hamilcar fait une sortie par mer, et sa galère, armée à chaque bout d’une catapulte, disparaît bientôt dans la brume azurée, suivie d’une flottille de navires.

Hamilcar, débarqué sur un point de la côte avec sa petite troupe, parcourt la campagne, soulève les tribus, sème partout la division et fait si bien qu’il finit par attirer