Page:Gautier - L’Orient, tome 2, Charpentier-Fasquelle, 1893.djvu/339

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
329
TUNIS.

reste de Carthage, « quelques tronçons de colonnes marmoréennes que le flot a noircis, quelques débris de chapiteaux, un pan de muraille inclinée, cinq ou six cavernes peu profondes : Voilà tout Carthage. » Hélas ! le vœu de Caton, Delenda est Carthago, a été trop exactement rempli. La Carthage punique, celle qu’a si brillamment ressuscitée Gustave Flaubert dans Salammbô, a disparu, et la Carthage romaine superposée à l’autre n’a guère laissé de traces. Toutes les barbaries pendant des siècles ont puisé des matériaux dans cette carrière à ciel ouvert. La perspective est dominée par la chapelle élevée sur l’emplacement où mourut saint Louis, très-vénéré des musulmans, qui croient que peu de temps avant sa mort le pieux roi des Francs se convertit à l’islamisme.

Mais voici le fort de la Goulette, redoutable et farouche défense due, il est vrai, aux Espagnols, mais dont l’aspect est assez oriental pour ne pas contrarier l’effet pittoresque. Ce n’est pas sans raison que Tunis est nommée El Chattrah (la bien gardée). Le navire