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L’ORIENT.

valier du Maghzen poussant à travers la foule son cheval ardent et maigre, et surtout le chameau balançant son long col comme ces oiseaux de bois dont s’amusent les enfants, sont esquissés d’une main fidèle et hardie.

Rien de plus charmant comme ragoût et pétillement de couleur que ces tas de fruits et de légumes indigènes : figues de Barbarie, tomates, piments, citrouilles d’Alger et pastèques « à la chair rose tigrée de noir », raisins aux grains recourbés comme des doigts de fiancée, couscoussou dans des sébiles de bois ; mais c’est trop nous attarder à ces détails qui semblent frivoles aux hommes graves, et qui pourtant donnent la sensation d’être en Afrique sur le marché de Philippeville, et non à Paris sur le marché Saint-Honoré. Arrivons tout de suite à Tunis sur les pas de M. Léon Michel. Les collines qui bordent le rivage, à mesure que le steamer s’avance vers l’Orient, perdent leur verdure, se dénudent et s’effritent au soleil. Le cap punique apparaît, et sur la plage au loin, avec l’aide de la lorgnette, on distingue ce qui