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L’ORIENT.

tration qui surprend. Tout un caractère leur est souvent révélé par un pli de la face, par une déviation de ligne, par un indice imperceptible pour tout autre. Leur art les rend involontairement observateurs, et même, lorsqu’ils ont déposé la palette et semblent inattentifs, ils se rendent compte de la forme propre des choses. Avec eux point de vague, point d’à peu près, point de généralités banales ; chaque mot est un trait décisif, une touche accentuée ; voir est plus difficile qu’on ne pense ; beaucoup de prunelles sont voilées d’une taie quoique parfaitement claires, et voir — c’est avoir, dit le proverbe.

Pour notre part, nous aimons la façon d’écrire des peintres, surtout quand ils ne se proposent pas quelque idéal académique, quelque imitation de poëte ou de prosateur en vogue. Nous y trouvons alors une saveur, un relief, une vie et une originalité qui nous séduisent plus que nous ne saurions dire.

Dans une étude sur Marilhat, nous avons extrait de sa correspondance, mise à notre disposition par sa famille, des morceaux d’un