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LE SAHARA.

style charmant, des croquis à la plume de son voyage en Syrie et en Égypte tracés en courant parmi des détails purement intimes et sans aucune prétention littéraire qui se trouvaient de petits chefs-d’œuvre ; il y avait autant de lumière et de couleur dans ses pages que dans ses tableaux — c’était tantôt une halte auprès d’une fontaine, sous une touffe de végétations ; tantôt une caravane de chameaux au profil bizarre ; d’autres fois la rencontre d’une horde de Bédouins, ou bien encore la route poudreuse rayant comme une trace de craie la plaine jaune et brûlée, et enfin le Caire vu du Mokattam avec ses minarets, ses dômes, ses terrasses, ses bouquets de palmiers, tout cela découpé en silhouette, coloré d’une teinte franche et si bien mis en place que la description la plus détaillée d’un littérateur qui se serait beaucoup appliqué n’en aurait pas appris davantage.

Auguste Salzmann a fait des jardins de Rhodda une peinture si verte, si touffue, si luxuriante, si criblée de soleil à travers ses ombres fraîches, qu’aucun poëte ne pourrait