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LE SAHARA.

du terrain, s’étend la plaine d’Angad, un premier essai du Grand Désert.

Le Désert se révèle au jeune artiste avec son paysage et ses figures, et il rend cette première impression dans une page charmante.

« Ces palmiers, les premiers que je voyais ; ce petit village couleur d’or, enfoui dans des feuillages déjà chargés des fleurs blanches du printemps ; une jeune fille qui venait à nous, en compagnie d’un vieillard, avec le splendide costume rouge et les riches colliers du Désert, portant une amphore de grès sur sa hanche nue ; cette première fille à la peau blonde, belle et forte, d’une jeunesse précoce ; ce vieillard abattu, mais non défiguré, par une vieillesse hâtive, tout le Désert m’apparaissait ainsi sous toutes ses formes, dans toutes ses beautés et tous ses emblèmes, c’était pour la première fois une étonnante vision. Ce qu’il y avait surtout d’incomparable, c’était le ciel ; le soleil allait se coucher et dorait, empourprait, émaillait de feu une multitude de petits nuages détachés du grand rideau noir étendu sur nos têtes, et rangés