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L’ORIENT.

m’arrêter qu’en face du soleil indubitable du Sud. »

Voici le voyageur lancé ; il ne s’arrêtera pas, tant qu’au ciel flottera un seul nuage ; dès qu’il a franchi la brèche ouverte par la nature dans cette muraille de rochers hauts de trois ou quatre cents pieds qui sépare le Tell du Sahara, et passé sur le pont romain jeté en travers de la coupure, son œil s’illumine, sa poitrine se dilate et aspire avec délices l’air tiède du désert ; le village d’El-Kantara apparaît au milieu d’une oasis de vingt-cinq mille palmiers.

L’hiver, selon la croyance des Arabes, ne peut dépasser la chaîne de roches contre lesquelles ses volutes de nuages viennent moutonner comme les vagues contre un rivage inexpugnable. Il s’arrête vaincu au pont d’El-Kantara ; — au delà, c’est l’été éternel ; d’un côté, la montagne est noire et couleur de pluie ; de l’autre, rose et couleur de beau temps.

Après les collines, dernières ondulations