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LE SAHARA.

pointe de son pinceau, revit avec toute la force de la réalité, éclatante comme la lumière, patriarcale comme la Bible, grande comme le désert.

Nous retrouvons les délicatesses du peintre dans ce passage, — « c’est bizarre, c’est frappant, je ne connaissais rien de pareil, et jusqu’à présent je n’avais rien imaginé de si complètement fauve, — lâchons le mot qui me coûte à dire, — de si jaune. Je serais désolé qu’on s’emparât du mot ; car on a déjà trop abusé de la chose : le mot d’ailleurs est brutal ; il dénature un ton de toute finesse, et qui n’est qu’une apparence. Exprimer l’action du soleil sur cette terre ardente, en disant que cette terre est jaune, c’est enlaidir et gâter tout ; autant vaut donc déclarer que c’est très-beau. Libre à ceux qui n’ont pas vu Boghar d’en fixer le ton d’après la préférence de leur esprit. »

Ce jour-là, M. Eugène Fromentin a dû reprendre sa palette, et fixer, dans une chaude esquisse, cette indéfinissable teinte.

Boghar, qui sert d’entrepôt et de comp-