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L’ORIENT.

revers du plateau, comme deux fumées de sacrifice.

« Au delà, afin de compléter la scène, et comme pour l’encadrer, je pouvais apercevoir, de la tente où j’étais couché, un coin du douar, un bout de la rivière où buvaient des chevaux libres, et, tout à fait au fond, de longs troupeaux de chameaux bruns, au cou maigre, couchés sur des mamelons stériles, terre nue comme le sable et aussi blonde que les moissons.

« Au milieu de tout cela, il n’y avait qu’une petite ombre, celle où reposaient les voyageurs, et qu’un peu de bruit, celui qui se faisait dans la tente.

« Et de ce tableau, que je copie sur nature, mais auquel il manquera la grandeur, l’éclat, le silence, et que je voudrais décrire avec des signes de flamme et des mots dits tout bas, je ne garderai qu’une seule note, qui contient tout, — bois en paix ! »

M. E. Fromentin est trop modeste ; la scène qu’il a retracée du bout de sa plume, mieux peut-être qu’il ne l’aurait fait de la