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LE SAHARA.

cuisses déhanchées, en poussant ce cri discordant et plaintif qu’ils beuglent quand on les sangle, et qui veut dire, selon les Arabes : « Mets-moi des coussins pour que je ne me blesse pas. »

Les cavaliers du makhzen d’El-Aghouat chaussent leurs doubles bottes rouges armées d’éperons et se drapent dans leurs haïcks sales et leurs bournous d’un brun sombre ; ils pressent les flancs de leurs montures infatigables et maigres comme eux. — Le convoi se met en marche. — Aurez-vous, lecteur, le courage de le suivre dans un autre article ? car le Désert est si vaste qu’on ne peut le borner dans quelques colonnes.

On débouche dans les premières plaines du Sud par la vallée du Cheliff, un site des plus étranges, des roches décharnées, déchiquetées, ébréchées comme des mâchoires d’animaux antédiluviens dont leurs pitons représenteraient les dents, bordent d’étroits couloirs au sol battu et brillanté pareil à celui d’une aire ; on n’aperçoit ni une plaque de mousse, ni une pointe d’herbe, ni une brin-