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L’ORIENT.

mage et même chant sonore. C’est l’espèce huppée qui ne se réunit pas en troupes, mais qui vit par couples solitaires ; tristes promeneuses qu’on voit dans nos champs en friche et, plus souvent, sur le bord des grands chemins en compagnie des casseurs de pierre et des petits bergers ; elles chantent à une époque où se taisent presque tous les oiseaux et aux heures les plus paisibles de la journée, le soir, un peu avant le coucher du soleil. Les rouges-gorges, autres chanteurs d’automne, leur répondent du haut des amandiers sans feuilles, et ces deux voix expriment avec une étrange douceur toutes les tristesses d’octobre ; l’une est plus mélodique et ressemble à une petite chanson mêlée de larmes ; l’autre est une phrase en quatre notes profondes et passionnées. — Doux oiseaux qui me font revoir tout ce que j’aime de mon pays, que font-ils, je le demande, dans le Sahara ? Et pour qui donc chantent-ils dans le voisinage des autruches et dans la morne compagnie des antilopes, des bubales, des scorpions et des vipères à cornes ? Qui