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LE SAHARA.

sait ? Sans eux, il n’y aurait plus d’oiseaux peut-être pour saluer les soleils qui se lèvent. — Allah akbar ! Dieu est grand et le plus grand ! »

Quoi de plus touchant et de plus ingénieux que ce frais souvenir de France dans cet austère paysage saharien, que ce chant d’alouette dominant de sa note plaintive le rauque grondement de la ménagerie africaine !

Nous ne nous arrêterons pas, et c’est bien à regret, à tous les douars où nos voyageurs, sous des tentes rayées de rouge et de noir, reçoivent l’hospitalité du désert. — À chaque pas, la lumière augmente, et M. E. Fromentin trouve, pour la peindre, des ressources que nul écrivain ne possède. Dites si jamais Claude Lorrain fut plus limpide, plus suave et plus transparent ?

« Devant moi, j’ai tout un campement étendu au soleil, chevaux, bagages et tentes ; à l’ombre des tentes, quelques gens qui se reposent ; ils font cercle, mais ils ne parlent pas. S’il arrive qu’un ramier passe au-dessus de ma tête, je vois son ombre glisser sur