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LE SAHARA.

l’ombre le jour, un abri la nuit ; je la transporte avec moi, et déjà je la considère avec une émotion mêlée de regrets.

« Jusqu’à présent le thermomètre n’a pas dépassé 30 ou 31 degrés à l’ombre. Aujourd’hui, sous la tente, à deux heures, il a atteint le maximum de 32 degrés, et la lumière, d’une incroyable vivacité, mais diffuse, ne me cause ni étonnement ni fatigue. Elle vous baigne également, comme une seconde atmosphère, de flots impalpables : elle enveloppe et n’aveugle pas. D’ailleurs l’éclat du ciel s’adoucit par des bleus si tendres, la couleur de ces vastes plateaux couverts d’un petit foin déjà flétri est si molle, l’ombre elle-même de tout ce qui fait ombre se noie de tant de reflets, que la vue n’éprouve aucune violence, et qu’il faut de la réflexion pour comprendre à quel point cette lumière est intense. »

Un peu plus loin, avec une joie que nous comprenons bien, M. Eugène Fromentin s’écrie : « Nous voilà débarrassés non-seulement de la végétation du Nord, mais de toute