Page:Gautier - L’Orient, tome 2, Charpentier-Fasquelle, 1893.djvu/379

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
369
LE SAHARA.

leur bâton blanc, les troupeaux soulevant des flots de poudre et se hâtant sous les coups des bergers et les morsures des chiens.

Détachons de la cavalcade le portrait du jeune chef arabe.

« Le jeune homme était habillé de blanc et montait un cheval tout noir, énorme d’encolure, à queue traînante, la tête à moitié cachée dans sa crinière ; il était fluet, assez blanc, très-pâle, et c’était étrange de voir une si robuste bête entre les mains d’un adolescent si délicat ; il avait l’air efféminé, rusé, impérieux et insolent ; il clignotait en nous regardant de loin, et ses yeux bordés d’antimoine, avec son teint sans couleur, lui donnaient encore plus de ressemblance avec une jolie fille. Il ne portait aucun insigne ; pas la moindre broderie sur ses vêtements ; et de toute sa personne, soigneusement enveloppée dans un bournous de fine laine, on ne voyait que l’extrémité de ses bottes sans éperons et la main qui tenait la bride, une petite main maigre ornée d’un gros diamant ; il arrivait renversé sur le dossier de sa selle en velours