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L’ORIENT.

violet brodé d’argent, escorté de deux lévriers magnifiques, aux jarrets marqués de feu, qui bondissaient gaiement entre les jambes de son cheval. »

Cette description a la grâce barbare et la douceur nostalgique de certaines figures d’Arabes peintes par Th. Chasseriau, dont elles constatent la vérité.

En regardant défiler cette splendide tribu, M. E. Fromentin fait cette remarque de peintre : « Il y avait là de fort beaux chevaux, mais ce qui me frappa plus que leur beauté, ce fut la franchise inattendue de tant de couleurs étranges. Je retrouvai ces nuances bizarres si bien observées par les Arabes, si hardiment exprimées par les comparaisons de leurs poëtes. — Je reconnus ces chevaux noirs à reflets bleus, qu’ils comparent au pigeon dans l’ombre ; ces chevaux couleur de roseau, ces chevaux écarlates comme le premier sang d’une blessure. Les blancs étaient couleur de neige, et les alezans couleur d’or fin. D’autres, d’un gris foncé sous le lustre de la sueur, devenaient exactement violets ; d’autres encore,