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L’ORIENT.

tout un livre de choses et d’effets que le langage n’avait jamais songé à rendre. Nous aimons chez lui ce superbe mépris de l’arbre et de la verdure que nous partageons absolument. Ceux qui n’ont pas vu l’Orient ne peuvent pas comprendre la beauté de la terre lorsqu’elle n’est pas souillée par la végétation. On ne saurait imaginer les tons d’or pâle, de lapis, d’améthyste, de perle, de nacre, de rose que prend notre globe lorsque le baiser du soleil fait frissonner sa peau nue. Rien n’est beau comme cet épiderme de planète baignée par l’éternel azur. On comprend alors que la terre est un astre gravitant dans l’éther, et non un tas de fumier à planter des choux, et l’on est fier d’être emporté vers l’infini par cette sphère magnifique. — Aussi notre idéal est-il celui de M. Fromentin — un ciel sans nuage sur le désert sans ombre ! Le désert ! — « c’est Dieu sans les hommes, » disait le compagnon de la panthère dans la nouvelle de Balzac.