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LE SAHARA.

d’un gris très-clair et dont la peau se laissait voir à travers leur poil humide et rasé, se veinaient de tons humains et auraient pu audacieusement être appelés des chevaux roses. Tandis que cette cavalcade si magnifiquement colorée s’approchait de nous, je pensais à certains tableaux équestres devenus célèbres à cause du scandale qu’ils ont causé, et je compris la différence qu’il y a entre le langage des peintres et le vocabulaire des maquignons. »

Nous citons ce passage avec quelque orgueil, car nous avons défendu, comme parfaitement vrais, les chevaux gorge de pigeon et couleur de rose auxquels fait allusion M. Fromentin. Mais c’est que lui aussi, Eugène Delacroix, a vu la nature éclairée par le soleil d’Afrique.

Il faut pourtant nous arrêter, car nous transcririons tout le volume, et les lecteurs ne s’en plaindraient pas. Terminons par quelques lignes d’appréciation littéraire. Dans Un Été au Sahara, M. E. Fromentin a vaincu une immense difficulté. Il a peint l’infini dans le clair, décrit ce qui n’a pas de forme, et fait