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L’ORIENT.

nous avons été très-flatté de la justesse de notre intuition, car dans un roman de nous intitulé Fortunio, que vous ne connaissez probablement pas, quoiqu’il ait paru, ou peut-être parce qu’il a paru (excellent moyen d’incognito), nous avons introduit plusieurs figures hindoues qui se trouvent de la plus grande exactitude et d’une ressemblance telle, qu’après avoir vu les véritables devadasis, nous n’aurions pas un mot à changer. Cet hommage rendu à notre perspicacité instinctive, revenons à nos bayadères.

Nous commencerons par Amani, la plus belle et la plus grande de la troupe.

Amani peut avoir dix-huit ans ; sa peau ressemble, pour la couleur, à un bronze florentin ; une nuance olivâtre et dorée à la fois, très-chaude et très-douce, qui n’a aucun rapport avec le noir des nègres et le brun des mulâtres ; une nuance fauve comme l’or, et qui rappelle certains tons du pelage des biches ou des panthères ; au toucher, cette peau est plus soyeuse qu’un papier de riz et plus froide que le ventre d’un lézard. Amani a les