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LES BAYADÈRES.

cheveux d’un noir bleuâtre, longs, fins et souples comme les cheveux d’une brune d’Europe ; ses mains et ses pieds sont d’une petitesse et d’une distinction extrêmes ; la cheville est mince, dégagée, l’orteil séparé des autres doigts, en pied d’alouette, comme dans les anciennes statues grecques ; les flancs, le ventre, les reins pourraient lutter, pour la délicatesse et l’élégance, avec ce que l’art antique nous a laissé de plus parfait ; les bras sont charmants, d’une rondeur et d’une sveltesse sans pareilles ; toute l’habitude du corps annonce une force et une pureté de sang inconnues dans notre civilisation, où le mélange des classes efface et rend frustes toutes les physionomies.

La tête est ovale avec un front bien proportionné, un nez droit, un menton relevé, des pommettes peu saillantes, un visage de jolie femme française ; la seule différence consiste dans la bouche, petite il est vrai, mais un peu plus épanouie qu’une bouche européenne, à qui ses gencives teintes en bleu, et ses dents séparées par des traits noirs, don-