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L’ORIENT.

les mouvements brusques et enjoués des jeunes chamois, un pas qui représente la toilette du dieu Shiva : cette danse n’a rien de commun avec la nôtre, et c’est plutôt une pantomime très-accentuée qu’un véritable pas réglé. Nous avons remarqué un certain mouvement de tête, d’avant en arrière, comme d’un oiseau qui se rengorge, qui est on ne peut plus gracieux, et dont l’exécution reste incompréhensible pour nous ; ajoutez à cela des tours d’yeux incroyables, qui éteignent les regards français les plus vifs et les œillades espagnoles les mieux dardées ; des ondulations de hanches et des ronds de bras d’une souplesse extraordinaire, et vous aurez un spectacle fort piquant et fort original.

Une chose singulière, c’est le bruit que font sur le plancher les petits pieds nus des bayadères ; on dirait qu’elles dansent une mazurka avec des talons et des éperons d’acier ; au son clair et sec qu’elles produisent en marquant la mesure, on pourrait croire qu’elles sont ferrées.

Elles ont aussi un temps d’arrêt brusque