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LES BAYADÈRES.

qui fait tinter toutes leurs verroteries et leurs colliers comme un coup de chapeau chinois.

Au pas de Saoundiroun et de Ramgoun succéda une espèce de jota aragonesa exécutée par les quatre danseuses, y compris la vieille Tillé ; Amani y déploya une grâce extrême.

Après la jota, on procéda au pas des colombes.

Le pas des colombes obtiendra un succès fou, un succès d’enthousiasme, un succès pareil à celui de la cachucha ; il suffirait seul pour faire la fortune des danseuses indiennes. Amani se place entre ses deux compagnes Saoundiroun et Ramgoun, et récite avec des gestes et des poses d’une tristesse et d’une volupté profondes une mélancolique complainte d’amour et d’abandon, quelque chose comme le Cantique des cantiques, la romance du Saule, ou le pantum de la colombe de Patini ; elle élève et jette en arrière ses bras pâmés qu’elle laisse ensuite retomber languissamment comme des guirlandes de fleurs énervées par la chaleur du jour ; elle fait nager