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POÉSIE PERSANE.

sent la loi. Voici ce quatrain irrévérencieux :

« Quel est l’homme ici-bas qui n’a point commis de péché, dis ? Celui qui n’en aurait point commis aurait-il vécu, dis ? Si, parce que je fais le mal, tu me punis par le mal, où est donc la différence qui existe entre toi et moi, dis ? »

La doctrine des soufis, presque aussi ancienne que l’islamisme, comme le dit M. J.-B. Nicolas dans une note de sa préface, enseigne à atteindre par le mépris absolu des choses d’ici-bas, par une constante contemplation des choses célestes et par l’abnégation de soi-même, à la suprême béatitude, qui consiste à entrer en communication directe avec Dieu. Pour arriver à cette perfection, les soufis doivent passer par quatre degrés différents. Dans le premier de ces degrés, qui s’appelle perdakté-djesmami (direction du corps), le disciple doit mener une conduite exemplaire et se conformer aux pratiques extérieures de la religion révélée. Dans le second, nommé terik (le chemin), l’adepte n’est plus tenu à l’observance des formes du culte dominant, parce qu’ayant acquis par sa dé-