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L’ORIENT.

« Le temple des idoles et la Kaaba sont des lieux d’adoration ; le carillon des cloches n’est autre chose qu’un hymne chanté à la louange du Tout-Puissant. Le mehrab, l’église, le chapelet, la croix, sont en vérité autant de façons différentes de rendre hommage à la Divinité. » Mais le sentiment qui domine est la fuite rapide du temps et le peu d’heures qui nous sont laissées pour jouir de notre frêle existence : « Le clair de lune a découpé la robe noire de la nuit : bois donc du vin, car on ne trouve pas toujours un moment aussi précieux. Oui, livre-toi à la joie, car ce même clair de lune éclairera bien longtemps encore après nous la surface de la terre. »

Pour finir cet article sur Kèyam, terminons par ce fier quatrain où il semble défier toute critique. « Si je suis ivre de vin vieux ; eh bien ! je le suis. Si je suis infidèle, guèbre ou idolâtre ; en bien ! je le suis. Chaque groupe d’individus s’est formé une idée sur mon compte. Mais qu’importe ? je m’appartiens et suis ce que je suis ! »

Moniteur universel, feuilleton du 8 décembre 1867.