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L’ORIENT.

guette de quelque magicien. Voilà la Roumanie, la Turquie, la Chine, le Japon, Siam, avec leurs produits étranges et chimériques qui semblent fabriqués dans la lune, et voici la Perse sous ces deux arcades peintes en vert pâle, occupant deux boutiques dont la corniche est ornée de petits miroirs triangulaires comme le soffite d’un palais d’Ispahan ou de Téhéran.

L’Exposition de la Perse n’est pas bien considérable, mais elle est exquise, et les objets peu nombreux qui la composent ont une grande valeur pour la pureté du goût et la perfection du travail. Les Persans sont les Italiens de l’Asie ; leur langue est riche, harmonieuse et douce ; ils ont le sentiment et le goût naturel de l’art. Moins rigoureux que les autres mahométans, ils ne proscrivent pas la représentation des êtres animés, quoique l’ornement les ait plus occupés que la figure. Sous ce rapport leur invention est inépuisable.

Un immense tapis, capable de recouvrir le plancher de la plus vaste salle, est suspendu