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L’ORIENT.

harmonieuse des tons ; il semble qu’il ait fallu la dextérité patiente d’une princesse enfermée dans une tour d’ivoire et mise à la tâche par une péri jalouse pour venir à bout de ces fleurs, de ces découpures, de ces rinceaux, de ces entrelacs qui reviennent sans cesse sur eux-mêmes et ne s’embrouillent jamais. Ces draps brodés sont une industrie circassienne, et les sultanes dans le harem s’étendent nonchalamment sur ces chefs-d’œuvre, travail de quelque tribu errante.

Ce bocal à demi rempli de morceaux d’une résine noirâtre renferme tous les rêves, toutes les délices, toutes les splendeurs ; il peut faire éclore, si on l’ouvre, des magnificences féeriques à rendre pauvre le trésor d’Aladin, d’Aboul-Kasem et de Haroun-al-Raschid ; c’est de l’opium de Schiraz. Cet autre vase contient des pistaches de Bagdad ; cet autre de l’essence de rose de Ginnistan, ou quelqu’une de ces drogues aromatiques qu’entasse Salomon dans le Sir Hazirim et dont l’Orient a conservé le goût passionné.

La seconde salle contient des richesses et