Page:Gautier - L’Usurpateur, tome 2.djvu/126

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— Bénédictions au général Yama-Kava !

— Louanges aux chevaliers du ciel !

— Et gloire au prince de Nagato à qui nous devons la victoire ! cria quelqu’un.

— Et qui nous ramène notre divine Kisaki, dit un autre.

Le prince en effet s’avançait guidant le cheval qui portait la reine. La foule s’écartait, se prosternait devant elle avec un silence subit, qui, dès qu’elle était passée, cessait brusquement.

La reine avait tiré son voile sur son visage, d’une main elle en serrait les plis sur sa poitrine ; le cheval, couvert d’écume, soufflait en marchant. Nagato le tenait par la bride et se retournait quelquefois vers la reine, qui lui souriait derrière la gaze de son voile, tandis que tous les fronts touchaient le sol.

Ils atteignirent ainsi la forteresse de Nisio-Nosiro et franchirent ses remparts. Les cavaliers du ciel vinrent recevoir la Kisaki. Ses femmes étaient restées au palais d’été ; on lui demanda s’il fallait les aller quérir.

— Pourquoi ? dit-elle ; n’allons-nous pas retourner au palais ?

On n’osa pas lui répondre que le mikado, mal rassuré, refusait de quitter la forteresse et comptait n’en plus sortir.

Le Fils des dieux était exaspéré, la victoire n’avait calmé ni son épouvante ni sa colère.