Page:Gautier - L’Usurpateur, tome 2.djvu/127

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Lui, attaqué dans son palais ! non par des Mongols, non par des Chinois, par des Japonais ! Son peuple, c’est-à-dire ses esclaves, ceux qui n’étaient pas dignes de prononcer son nom, avaient eu l’audace inouïe de prendre les armes contre lui. Sa personne sacrée avait été contrainte, non-seulement de marcher, mais de courir. Le mikado, celui dont un regard devait réduire un homme en cendre, s’était enfui blême de peur ; les plis rigides de ses robes de satin s’étaient dérangés ; il avait trébuché dans les flots des étoffes en courant à travers les rues. Qu’étaient devenus la majesté sacrée, le prestige divin du descendant des dieux, au milieu de cette aventure ?

Go-Mitsou-No, furieux, tremblant et stupéfait, ne fut pas tranquillisé par la victoire. Il ordonna de massacrer tous les soldats qui s’étaient soumis.

— Ils vont revenir contre moi, disait-il, tuez-les jusqu’au dernier.

— Nous les tuerons plus tard, osa lui répondre le ministre de la Main-Droite, l’un des plus hauts dignitaires du Daïri ; pour le moment ces dix mille hommes de renfort nous sont des plus nécessaires.

Alors le mikado s’écria :

— Qu’on m’amène Hiéyas, qu’on lui crève les yeux, qu’on lui arrache les entrailles, qu’on le coupe en morceaux !