Page:Gautier - L’Usurpateur, tome 2.djvu/136

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— Chaque fois que je me sépare d’elle, il me semble que je ne dois plus la revoir, murmurait-il.

Elle le regardait aussi, troublée par la même angoisse ; elle appuyait sur ses lèvres le bout de l’éventail que le prince lui avait donné.

Il s’arracha de sa présence.

Le soir même, il arriva à Osaka et se rendit aussitôt chez le siogoun.

— C’est toi ! s’écria Fidé-Yori avec joie. Je n’espérais pas te revoir sitôt ; ta présence m’est un soulagement au milieu des ennuis qui m’accablent.

— Comment ! dit Ivakoura, nous sommes vainqueurs. Pourquoi es-tu triste ?

— Que dis-tu, ami ? Yoké-Moura, il est vrai, a chassé l’ennemi du village qu’il occupait près d’Osaka ; mais Harounaga vient d’être complètement battu en se reployant sur Yamasiro. Les deux tiers du royaume sont au pouvoir de notre ennemi.

— N’importe ! nous avons vaincu à Soumiossi ; nous avons jeté le désordre dans le camp de Hiéyas ; nous avons triomphé à Kioto, et le Fils des dieux, sortant un instant de sa torpeur, va ordonner aux deux partis de se réconcilier.

— Hiéyas refusera.

— Il ne peut pas refuser ; il ne peut pas se révolter ouvertement contre le mikado.