Page:Gautier - L’Usurpateur, tome 2.djvu/138

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— D’un de ceux qui l’ont trahi, du prince de Toza, Il a attaqué mon royaume, saccagé ma forteresse, enlevé ma fiancée, et trompé par une ressemblance, il a cru me tenir, et lui refusant la mort des nobles il a tranché la tête à un de mes serviteurs.

— De telles choses en effet ne peuvent être lavées que par du sang, dit Fidé-Yori, je vais te donner un ordre pour Signenari et je mets une jonque de guerre à ta disposition. Ne ménage pas cet infâme Toza, ce traître, envieux et lâche, indigne du rang qu’il occupe.

— Je ferai raser ses tours, brûler ses moissons, et je le tuerai comme on égorge un pourceau, dit le prince, en regrettant qu’il n’ait qu’une vie pour payer tous ses crimes.

— Puisses-tu réussir ! dit le siogoun. Hélas ! ajouta-t-il, je me réjouissais de te revoir, et tu arrives pour repartir ! Quelle solitude, quel vide autour de moi ! quelle tristesse ! C’est que j’ai le cœur rongé par un chagrin secret dont je ne puis parler. Un jour je te le confierai, cela me soulagera.

Le prince leva les yeux vers le siogoun ; il se souvenait que plusieurs fois déjà un aveu était monté jusqu’aux lèvres du roi et qu’une sorte de sauvagerie et de pudeur l’y avait arrêté. Cette fois encore Fidé-Yori se troublait et détournait les yeux.