Page:Gautier - L’Usurpateur, tome 2.djvu/144

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ras lorsqu’il viendra nous ouvrir les portes de cette prison si j’ai dit la vérité.

Tika n’osa pas contredire sa maîtresse, elle feignit de croire que Nagato était vivant.

— Mieux vaut cette étrange hallucination que le désespoir qui l’eût accablée ! se disait-elle.

Elles recommencèrent, comme autrefois au Daïri, à parler de l’absent. Elles se souvenaient des paroles qu’il avait dites, des anecdotes qu’il avait contées. Elles cherchaient à imiter l’inflexion de sa voix ; elles reconstruisaient chacune de ses toilettes, se remémoraient ses traits, son sourire, ses attitudes. Souvent elles avaient de longues discussions sur un détail, sur une date, sur une phrase qu’il avait prononcée.

De cette façon les heures s’écoulaient rapidement.

Chaque jour le prince de Toza envoyait des présents à Fatkoura : des fleurs, des oiseaux rares, des étoffes merveilleuses. Chaque jour Fatkoura donnait la volée aux oiseaux, jetait les fleurs et les étoffes par la fenêtre. Le prince ne se lassait pas. Au milieu du jour, il venait rendre visite à la prisonnière et lui pariait de son amour.

Un jour, cependant, il entra chez Fatkoura avec une singulière expression sur le visage.