Page:Gautier - L’Usurpateur, tome 2.djvu/151

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livre d’un ennemi loyal, mais comme on écrase un scorpion.

Et, d’un coup formidable de son sabre, il le cloua par la gorge à la cloison.

Fatkoura n’était pas tombée. Elle était restée adossée à la muraille, appuyant sa main sur sa blessure, le sang jaillissait entre ses doigts.

Le prince de Nagato abandonna son ennemi qui se tordait dans une agonie affreuse et courut vers elle, il vit ce sang qui ruisselait.

— Qu’as-tu donc ? s’écria-t-il.

— Je meurs, dit Fatkoura.

Elle glissa à terre, le prince s’agenouilla près d’elle et la soutint sur ses genoux.

— Y a-t-il quelqu’un ici ? cria-t-il, qu’on amène des médecins.

— Je t’en supplie, dit Fatkoura, n’appelle pas, nul ne pourrait rien à ma blessure. C’était pour épargner un outrage à ton nom. j’ai frappé fort, je ne puis être sauvée. Ne fais venir personne, laisse-moi mourir près de toi puisque je n’ai pu y vivre.

— Infortunée, voilà donc où je t’ai conduite ! s’écria le prince, c’est pour moi que tu meurs après une vie de souffrance ; toi, si belle, si jeune, et qui étais faite pour le bonheur. Ah ! pourquoi me suis-je trouvé sur ton chemin ?