Page:Gautier - L’Usurpateur, tome 2.djvu/188

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sonne ; ses dents s’entrechoquent, ses genoux se heurtent ; il finit par tomber à terre sans connaissance. Alors le vampire se précipite sur lui et lui fait une morsure au cou ; elle suce son sang avec délices, et ne s’interrompt que pour peindre sa joie par une danse désordonnée. Enfin, à l’aide d’un long poignard, elle fend la poitrine du jeune homme et lui mange le cœur.

Le public exprime son émotion par un long murmure et la toile tombe.

On ne joua que cet acte du Vampire, c’est le meilleur, le plus dramatique. Plus tard le jeune seigneur ressuscite et est rendu à son épouse.

Pendant l’entr’acte, la plus grande partie du public quitte la salle et envahit la maison de thé attenant au théâtre. On se fait servir le repas du matin, ou simplement des boissons chaudes et des friandises, au milieu d’un tapage, d’une confusion indescriptibles. Chacun se communique ses impressions sur le mérite de la pièce que l’on vient de voir, sur le jeu des acteurs ; on imite leurs gestes, leurs cris, leurs contorsions ; quelques-uns essayent des entrechats et des cabrioles, à la grande hilarité des assistants ; d’autres jouent aux échecs, à la mourre, aux dés.

L’entr’acte est long ; Les jeunes garçons qui remplissaient les rôles de femmes dans la